Nîmois de naissance, j’avais la
conviction que cette année, 2014, était la bonne pour faire
basculer la ville à gauche.
13 années que cette gauche
subit la politique du clan Fournier.
13 années dans lesquelles,
j’aurais pu penser trouver un parti prêt au combat,
structuré, avec un programme claire, et pour reprendre un terme à
la mode, une opposition de combat prête à en découdre.
De tout ça, je n’ai rien vu. Arrivé
à Nîmes l’été dernier, je suis tombé de haut. J’ai vu un
parti politique à l’agonie. Un soldat allant à la guerre sans
fusil. Sans coordination, sans alliés, sans de grandes idées. Je ne
vais pas faire le constat de cet échec. D’autres plus ancrés et
ayant plus connaissance du parti local l’ont fait et leur constat
correspond parfaitement à mes sentiments.
Je n’ai pas trouvé d’accueil. Le
seul interlocuteur que j’ai pu avoir est Nicolas Cadène.
A qui j’avais fait valoir mon envie de participer à la campagne.
Il s’est battu, malgré le fiasco annoncé et n’a pas démérité.
Il a essayé de pousser les uns et les autres à une motivation, mais
c’était bien trop tard. Il a à plusieurs reprises transmis mes
coordonnées à l’équipe de campagne en place, en faisant valoir
mon expérience de militantisme sur le terrain, mais malgré ses
efforts, il n’y a eu aucun retour. J’ai moi-même appelé à deux
reprises pour avoir des informations, des agendas d’actions, savoir
si il y avait des réunions, etc… mais en vain. J’ai constaté
que l’opinion militante était bien peu considérée. Pas de
réunion de section depuis la rentrée 2013 pour la section Nîmes
arènes. Je ne veux pas m’attaquer ici aux personnes, ça serait
trop facile ! Nous pouvons tous échouer dans nos fonctions.
Mais nous pouvons tous aussi assumer ses responsabilités.
Actuellement, je ne vois que des défections et du « courage,
fuyons ! ».
De ce constat, de
cet échec, il faut maintenant construire et bâtir, à commencer par
ce qui nous unit tous, notre parti. Comment se fait-il, alors qu’une
cinquantaine de kilomètres nous sépare, Nîmes n’a toujours pas
su organiser un PS Gardois, fort, alors que Montpellier dans une
région aujourd’hui profondément de droite et d’extrême droite,
a su elle, malgré la dissidence, atteindre un score de 61% à gauche
au premier tour ? Comment se fait-il que le FN devient
la
première force politique dans le GARD et que le parti offre un
bien triste spectacle avec un aveu d’incompétence ? Ce sont
des questions auxquelles il va falloir, nous les militants, répondre.
C’est pourquoi, je voudrais être ici, une
force de proposition
en présentant quelques idées. Je remercie Frédéric Fontaine de
m’offrir cette espace sur son blog pour pouvoir les présenter. En
espérant pouvoir en débattre avec le plus grand nombre de militants
qui souhaitent remettre debout le PS.
Sur les fondements même du parti
politique, il faudrait ouvrir un accueil aux nouveaux militants. Cet
accueil des nouveaux arrivants est primordial. Il pourrait prendre
la forme d’une réunion d’accueil une fois par trimestre,
rassemblant les nouveaux militants avec des anciens, pour présenter
le parti politique, son histoire, ses objectifs, etc.
Sur l’information et la
communication, il faudrait créer un site internet, et développer
une coordination des pages sur les réseaux sociaux.
Sur le contrôle de la
fédération : Instituer une commission de contrôle, composée
de militants, pour participer et contrôler les décisions des
instances fédérales. Pour que les militants aient toujours la main
sur leur fédération.
Sur le débat public, j’ai
constaté un grand vide. Le parti se grandirait à proposer plus de
débats politiques, ouverts aux citoyens et aux autres partenaires
de la gauche. En tenant un rituel, un agenda avec un rythme. (Une
fois par mois, un thème, un lieu, un débat publique)
Sur les sections, en finir avec ce
système de cooptation qui ne dit pas son nom. Les affectations
devraient se faire sur un critère géographique et non plus par des
affinités qui cachent le plus souvent des intérêts.
Sur la vie du parti, créer des
évènements conviviaux pour créer du lien humain, tout simplement.
Des rendez-vous où les militants peuvent partager autre chose.
(Exemple : Des repas-débats, des projections de films engagés
suivi de débats, etc.)
Sur l’ouverture à la société :
ouvrir les portes et les fenêtres du PS à la société civile, aux
associations. Faire de notre maison, une maison de solidarité entre
les hommes, une maison de vie culturelle, qui doit être sans cesse
animée (Exemple : Vernissage et exposition d’art. Monter des
forums de l’entreprise et de l’emploi. Solidarité
intergénérationnelle pour le partage des mémoires.)
Toutes ces idées ont pour but de faire
revivre le PS. A l’heure où la défiance envers les partis
politiques est exacerbée, ces derniers doivent savoir se renouveler,
se refonder pour répondre aux attentes de la société
contemporaine.
Un autre constat doit aussi, nous
interpeller. Celle de la place des jeunes dans les responsabilités
politiques. Je pense, profondément, que la jeunesse n’est pas une
question d’âge. Que la jeunesse cesse quand on abandonne ses
rêves. Mais encore faut-il laisser, à cette jeunesse, l’espace
pour construire ses projections. Une jeunesse qui, en voyant de plus
en plus de portes se verrouiller, se renferme sur elle-même. Se tait
et s’angoisse dans une colère silencieuse que la démagogie des
extrêmes écoute en couardise. Comment cautionner le manque de
présence de jeunes lorsqu’il y a une élection ? Devons-nous
laisser l’image du renouvellement au FN, dont la représentation
des jeunes est importante, et notamment a été très importante lors
de ces municipales ? Cette frilosité d’investir les jeunes
générations ne doit plus exister au sein de notre parti. Un parti,
où l’on peut rappeler nos grandes lumières, Jaurès, Blum,
Mitterrand, qui ont toujours encouragés la jeunesse à ouvrir la
porte de la politique. De s’emparer d’elle, car elle est le
premier investissement de leur propre vie. Ils y construiront, le
temps présent et l’avenir.
La société d’aujourd’hui va très
vite. L’information s’est développée de manière exponentielle.
Une rumeur suffit pour embraser les poudres. L’économie
financiarisée a décortiqué les hommes pour les rendre en être
isolé. Des individus isolés que l’Etat, et plus particulièrement
le socialisme, doit ressouder dans une société nouvelle, avec
toujours plus de solidarité, de proximité, de cohésion sociale.
D’immenses défis attendent notre temps. Le défi environnemental.
Le défi européen. Le défi social, pour citer les plus importants à
mes yeux. Tous ces défis, il ne faut pas que nous les abandonnions.
Il faut revoir notre méthode de travail et militer autrement.
De cet échec électoral, l’optimiste que je suis y verra la
volonté des français de retrouver la gauche qui rallume les
étoiles. De cette sanction, la sagesse y voit une envie de plus de
morale dans la vie publique. Comme le disait tout simplement Simone
de Beauvoir « Sans échec, pas de morale ! ».
Ahmed LAARAJ